Pour comprendre ces écarts, il faut étudier les différences entre la filière classique, qui rassemble la plupart des opticiens, et la filière low cost. (Martin Lutze / Pixabay)
Difficile d’y voir clair sur le prix des lunettes. D’un côté, le prix moyen d’une paire en France est estimé à 470 euros. De l’autre, certains opticiens, comme Lunettes Pour Tous ou Blacksheep.io, proposent des lunettes de vue à partir de 10 euros. Le magazine 60 Millions de consommateurs s’est récemment penché sur ces écarts. Ceux-ci s’expliquent de plusieurs façons.
Des particularités dans la filière classique
Pour comprendre ces écarts, il faut étudier les différences entre la filière classique, qui rassemble la plupart des opticiens, et la filière low cost, représentée par les nouveaux acteurs évoqués plus haut. Pour les opérateurs classiques, le groupe EssilorLuxottica dispose d’une position quasi monopolistique au niveau mondial, détenant à la fois les producteurs de verres, de montures, des marques et des réseaux de distribution.
Plusieurs effets expliquent leurs prix élevés. D’abord, le fait qu’ils répondent aux appels d’offres des réseaux de soins. Ensuite, il y a l’action des opticiens, qui tendent à pousser les verres sur lesquels ils feront le plus de marge, la délivrance étant leur seule rémunération. Dans cette optique, ils proposent d’ailleurs une grande variété de choix, avec plusieurs qualités de verre et des options. Reste aussi à noter les conséquences du manque de volume de ventes lié au fort nombre de magasins. « Plus il y a de magasins, moins il y a de délivrances par magasin, et moins il y a de marge » , a expliqué Hugues Verdier-Davioud, président de la Fédération nationale des opticiens français (Fnof).
Le contrepied du low cost
Autant de points sur lesquels se distinguent les nouveaux acteurs low cost. Lorsqu’elles existent en physique, ces enseignes limitent leur nombre de boutiques à quelques emplacements stratégiques. Leur production entend passer par moins d’intermédiaires, avec un lien plus direct avec les usines, situées le plus souvent en Chine. Elles offrent également un choix plus resserré à leurs clients. Cette volonté de simplification passe parfois par l’absence d’interlocuteurs physiques. Tout cela leur permet d’assurer un important volume de ventes et donc d’afficher des prix très bas.
Dans un cas comme dans l’autre, reste à identifier l’impact sur les prix de la place des remboursements de l’Assurance Maladie et des complémentaires santés, notamment dans le cadre du 100 % Santé. Si d’un côté les acteurs low cost sont parfois accusés de pousser davantage à remplacer ses lunettes, les transformant en objets de mode plus qu’en dispositif de santé, ils participent aussi à offrir des solutions dans les situations non couvertes par le dispositif. Toujours est-il que leurs prix s’expliquent avant tout par des stratégies différentes.